Espérer le meilleur, vous préparer au pire

Jean-Marc JANCOVICI

Jean-Marc Jancovici, né en 1962, est un ingénieur français, chef d’entreprise et consultant. Il est également enseignant, conférencier, auteur de livres et chroniqueur indépendant. Il est essentiellement connu pour son travail de sensibilisation et de vulgarisation sur les thèmes de l’énergie et du climat.

Nous vous conseillons de lire un de ses premiers ouvrages déjà visionnaire. Commandez-le chez votre libraire de quartier ou de village ou, si vous n’en avez pas, faites-vous-le livrer ici  :

Ce que nous apprécions chez lui : une vision mordante, pragmatique et scientifique.

Selon jean-Marc Jancovici, l’économie tout entière des pays occidentaux est fondée sur une énergie abondante et à bas prix. Il s’agit pour une majeure partie d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) qui représentent à elles seules 80 % de la consommation mondiale. Pétrole et gaz viennent, ou sont en voie, d’atteindre leur pic de production et vont donc inexorablement décroître pour des raisons physiques.

Le PIB des États étant lié à la quantité d’énergie disponible, et non l’inverse, la croissance pour l’Union européenne, entre autres, ne repartira pas durablement comme annoncé si l’on ne fait rien au niveau de son modèle énergétique, et au mieux stagnera voire enchaînera des récessions, prémices de crises sociales à venir.

D’autre part, la combustion des énergies fossiles entraînant le début de changements climatiques majeurs et irréversibles pour des décennies (qui ne s’arrêteront pas en 2100) implique que de grandes perturbations sont à venir en France et dans le monde (événements extrêmes, stress hydrique, pénuries, rationnements, déplacements de population…).

Jean-Marc Jaconvici préconise donc à la France de se lancer de manière résolue, massive et ordonnée dans la reconstruction de son économie vieillissante (transition énergétique, transports efficaces et sobres, décarbonisation de l’industrie lourde, rénovation du parc résidentiel/tertiaire, travail sur l’urbanisme…), « une nouvelle conquête de la Lune » afin d’embarquer l’Europe et le reste du monde dans cette lutte par effet de mimétisme, l’Europe étant « le dos au mur énergétique » et ayant de réels atouts pour réussir la première dans cette nouvelle voie.

Taxer la consommation…

Il considère, par exemple, comme indispensable le recours à une taxation de la consommation d’énergies carbonées (ou fiscalité carbone) pour une politique de décarbonisation efficace d’une économie (étatique, fédérale ou mondiale). Il suggère également de ne pas avoir recours aux réserves mondiales de charbon restant sans au minimum une obligation de captage ou séquestration du CO2 induit.

À travers ses livres, ses conférences et son site Internet, Jean-Marc Jancovici défend les positions suivantes :

L’énergie n’est pas qu’un secteur économique ou un produit parmi d’autres, mais la base de l’ensemble de l’économie. La totalité de la production économique est une fonction de l’énergie disponible, en volume et non pas en prix, autant ou plus que des facteurs de production traditionnellement admis, le travail et le capital.

Comme la culture, l’énergie n’est pas une marchandise comme les autres…

La disponibilité de l’énergie fossile, très bon marché même de nos jours, a augmenté la capacité humaine de modification de l’environnement tout en modifiant profondément la société et en améliorant son train de vie de manière très significative.

À ce titre, il illustre souvent la sous-évaluation du coût actuel de l’énergie en la rapprochant du coût du travail humain via la notion d’« équivalent esclave » qui est le maximum d’énergie pouvant être fournie par un seul être humain en une seule année, soit de l’ordre de 100 kWh maximum maximorum.

Une image également utilisée par Pablo Servigne. Ainsi, chaque Français posséderait ainsi l’équivalent de 600 esclaves énergétiques 24 h sur 24 alors que même une centaine par personne ne serait pas soutenable pour la planète.

La notion d’esclaves énergétiques a été sous-entendue par Oscar Wilde dans L’Âme de l’homme sous le socialisme, historiquement créée par le professeur Hans-Peter Dürr et reprise par Ivan Illich.

Des indicateurs qui sont inadaptés ou irresponsables…

Les indicateurs économiques traditionnels tels que le PIB sont inadaptés, car ils mesurent la production sans prendre en compte la destruction de ressources non renouvelables, ce qui, dans l’analogie avec une entreprise, reviendrait à mesurer son chiffre d’affaires sans tenir compte du fait qu’elle liquide ses actifs.

En effet,  la consommation d’énergie fossile, via les émissions de CO2 provoquées, détériore irrémédiablement le climat. La conséquence pourrait être un véritable changement d’ère climatique au cours de ce siècle, avec des conséquences économiques et sociales incommensurables et inattendues. L’addition pouvant être particulièrement désastreuse si les systèmes économiques touchés sont en récession structurelle, donc avec des caisses vides et une faible capacité de rebond.

Les énergies renouvelables (notamment photovoltaïque diffus et éolien) auront beaucoup de mal quantitativement à pallier une baisse de la consommation (voulue ou forcée) des énergies fossiles afin de garantir le niveau de vie actuel. Elles sont gérées en France par des méthodes sentimentales qui engendrent un effet d’éviction vis à vis de solutions plus porteuses de résultats et de croissance comme la rénovation massive, le développement de filière bois-énergie et de pompes à chaleur, la révolution dans les transports, la séquestration du CO2 dans les centrales à charbon, une vraie politique de mobilité…).

Selon Jean-Marc Jancovici, la taxe carbone doit s’appliquer à tous, mais ne passera pas sans une pédagogie forte : « Tout le monde, même les Français modestes, va devoir faire des efforts parce que même les Français modestes consomment trop d’énergie ».

Selon lui, seule l’électricité d’origine nucléaire pourra nous donner le temps de pallier la disparition du tout pétrole et de trouver des alternatives technologiques propres sans faire effondrer notre civilisation. Le CO2 dégagé par les centrales a charbon mettra 15 000 ans à être absorbé, tandis que la plupart des déchets nucléaires enfouis dans des zones souterraines isolés mettent 500 ans à perdre leur charge mortelle… Hors plutonium qui met, lui, 100 000 ans… Donc, le plus polluant n’est pas celui que l’on croit…

Ainsi, le danger du nucléaire est bien inférieur au danger d’un effondrement de la civilisation qui contribuerait de toute façon à un danger nucléaire si les centrales n’étaient plus entretenues…

Voici une de ses vidéos diffusée par l’équipe de ThinkerView que vous pouvez soutenir sur Teepe :

Nous vous conseillons de lire son dernier ouvrage que nous trouvons remarquable afin de vous faire votre propre avis :

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