Espérer le meilleur, vous préparer au pire

Yves COCHET

Portrait de Yves Cochet

Le parrain de la collapsologie…

Certes, c’est Pablo Servigne et Raphaël Stevens qui ont créé le terme de collapsologie inspirés par « Collapse » le livre de Jeremy Diamond… Cependant, Yves Cochet, apparaît un peu le « parrain » de la famille de l’effondrement dont il a donné la définition qui fait référence aujourd’hui.

Yves Cochet, né le 15 février 1946 à Rennes (Ille-et-Vilaine), est un homme politique et mathématicien français. Il définit donc l’effondrement comme : « le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis (à un coût raisonnable) à une majorité de la population par des services encadrés par la loi. »

Membre des Verts puis d’Europe Écologie Les Verts, il est député du Val-d’Oise de 1997 à 2002, puis de la 11e circonscription de Paris de juin 2002 à décembre 2011. Il est président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale durant ce dernier mandat. Il est député européen de 2011 à 2014.

Le co-fondateur du l’Institut Momentum avec Agnès Sinaï

L’Institut Momentum est un laboratoire d’idées et de prospective français créé en 2011 par Yves Cochet et Agnès Sinaï. Il est consacré aux problématiques relatives à l’Anthropocène, aux politiques de décroissance et à la collapsologie.

Nous vous recommandons d’explorer régulièrement leur site et de vous rendre aux conférences qu’ils organisent en région parisienne et en province. Des personnalités et des experts illustres contribuent à l’institut Momentum. Ils nous interpellent à travers leurs travaux respectifs et nous font réfléchir sur ce que nous pourrions faire pour éviter le pire…

À 71 ans, Yves Cochet a encore la fougue de l’adolescence et la sagesse de l’expérience…

Nous vous conseillons de lire son dernier ouvrage que nous trouvons remarquable afin de vous faire votre propre avis :

Ce que nous apprécions chez lui

Yves Cochet est, avec Nicolas Hulot, l’une des deux personnalités écologiques d’envergure qui ont exercé des responsabilités.

Il a travaillé sur le dossier de la crise énergétique, notamment sur la « fin du pétrole bon marché », et a publié sur ce sujet en 2005 avec « Pétrole apocalypse » (Fayard).

Son précédent livre, « Sauver la Terre » (Fayard), avait été écrit en 2003 en collaboration avec Agnès Sinaï. Ces ouvrages tentaient de faire prendre conscience, bien avant beaucoup d’autres, de la gravité du danger d’effondrement imminent qui pèse désormais sur la civilisation.

Yves Cochet annonce la date de l’effondrement généralisé entre 2015 et 2030…

Il n’hésite pas à montrer et à faire visiter aux médias la maison qu’il a achetée avec sa fille, il y a plus de dix ans, pour en faire une base de survie. Car, selon lui, la nourriture et l’eau vont vite devenir des denrées rares et l’effondrement va générer des guerres civiles pour la survie.

Il est d’ailleurs toujours très troublant d’écouter Yves Cochet annoncer ces temps sombres de sa voix posée avec son flegme de mathématicien.

La fin du monde avec une voix de velours…

Il aborde calmement les pénuries d’électricité, qui seront tragiques, car, même l’électricité nucléaire a besoin du pétrole pour fonctionner. Ne serait-ce que pour véhiculer le personnel des centrales ? En effet, sans pétrole le chaos régnera, et, dans cette situation, l’entretien et le refroidissement des coeurs des centrales deviendront vite très problématiques.

Le terme de « voiture écologique » le fait bondir. Aucune voiture aujourd’hui n’est propre… Elles ont toutes besoin de terres rares, de métaux précieux et leur construction est un gouffre environnemental.

Il prédit d’ailleurs qu’il n’y aura plus de voitures, ni d’avions dans un futur très proche, quelques calèches à la rigueur. Car le cheval va redevenir le moyen de locomotion écologique qu’il a été pendant plusieurs siècles.

Le retour du voisinage intelligent…

L’avenir est, selon Yves Cochet, dans le retour à un voisinage intelligent au sein de petits villages gérés comme de petites cités.

Selon lui, la survie va nous obliger à nous rapprocher, à former des communautés soudées, des tribus interdépendantes fondées sur la coopération. Ce sera cela ou mourir.

Il rappelle régulièrement que, dans l’histoire, ce sont les peuples qui s’entre-aidaient et qui commerçaient qui survivaient, pas les peuples guerriers qui finissaient toujours par tomber sur plus forts qu’eux… Nous aurions, sur ce point, envie de faire de l’humour sur l’ambiance qui règne chez les Verts, le parti politique dont il est l’un des cofondateurs historiques, mais nous nous abstiendrons…

Selon Yves Cochet, la population mondiale n’atteindra jamais 10 milliards.

Et pour cause, l’effondrement global va ravager la moitié, voire les deux tiers, de l’humanité, peut-être même davantage. Personne ne peut le prévoir aujourd’hui.

Le plus cruel, selon son analyse, c’est que les rivaux pour la survie ne seront pas les Chinois ou les Russes, mais seront issus de nos propres familles et de nos amis. La psychologie de la survie est pour cela terrifiante dès qu’on y pense. Quand on se demande, faute de vivres, qui sera le prochain et pour qui nous sommes prêts à nous sacrifier ? Nous avons oublié que la faim, la soif, la fatigue, la maladie poussent les êtres humains aux pires barbaries, par malveillance, par lâcheté ou par indifférence.

D’ailleurs, sur ce dernier point, n’est-ce pas déjà le cas quand, au-delà de l’indignation facile, nous laissons des parties entières du monde, des femmes et des enfants, mourir de guerre, de faim ou de noyade en Méditerranée pendant que nous allons au restaurant, à l’opéra ou en salle de sport pour essayer de perdre nos kilos en trop, fruits de nos excès ?

Comme le disait Winston Churchill : « entre la civilisation et la barbarie, il y a à peine trois repas… »

Aussi, afin d’éviter la grande catastrophe, Yves Cochet imagine une politique planétaire de rationnement en pétrole, en nourriture, en vêtement… Une forme d’économie de guerre écologique… Comme la Grande-Bretagne se l’est imposée pour lutter contre le nazisme et a finalement contribué à libérer le monde.

On meurt davantage en Occident de trop manger que de trop peu. Diminuer sa consommation de viande, préférer les circuits courts qui font vivre les gens autour de soi que la malbouffe qui ne fait qu’engraisser des groupes agroalimentaires internationaux qui nous tuent à petit feu, est une façon très efficace de lutter contre le réchauffement climatique, car, chacun le sait désormais : plus de 60% des céréales du monde sont destinées à alimenter le bétail et l’élevage industriel est une des causes principales de la production de gaz à effet de serre.

Des jardins immenses de maraîchage…

Yves Cochet trouverait judicieux que d’immenses jardins de maraîchage soient créés autour des grandes agglomérations. Ils pourraient servir de potagers-écoles pour la population. Comme les jardins familiaux, ou jardins ouvriers, apparus à la fin du XIXe siècle, qui étaient des parcelles de terrain mises à la disposition des habitants par les municipalités. Ces parcelles, affectées le plus souvent à la culture potagère, furent initialement destinées à améliorer les conditions de vie des ouvriers.

La nourriture manquera vite sans pétrole, et les potagers seraient la seule façon de survivre… À condition que la température ne s’élève pas trop… Car, à plus de deux degrés d’élévation de la température moyenne dans le monde (limite des accords de Paris COP21), ce sera plus six degrés à huit sur les continents… Aucune agriculture ne résistera à cela… Et sans agriculture… Plus d’humanité… Hors, les accords de la COP24 permettent tacitement une élévation comprise entre 2,5 et 3,7 degrés ; et les accords de la COP25 semblent avoir renoncé à tout. C’est donc un arrêt de mort pour la planète en l’état actuel de la science…

Yves Cochet adopte parfois la méthode de l’exagération pour réveiller les consciences, quitte à passer pour excessif. Mais n’est-ce pas à la hauteur du péril qui avance ? Certes, ses prédictions d’effondrement irréversible autour de 2030 semblent alarmistes, mais au moins il a le courage de vivre aligné avec ses valeurs :  il a refusé d’avoir un deuxième enfant en sachant ce qu’il savait de l’avenir ;  il mange végétal et local ; ne prend plus l’avion et appelle même de ses vœux des « listes effondristes » aux prochaines grandes élections… Tout un programme qui semble sombre, mais qui à pourtant la couleur de l’espérance, car, si l’avenir n’est pas vert, il sera définitivement rouge sang pour l’humanité.

© Franck Sallaberry pour Collapsologie Académie.

 

Son interview sur NEXT

Nous vous conseillons également de lire cet ouvrage de 2005 que nous trouvons en avance sur son temps, et toujours d’actualité…

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