Espérer le meilleur, vous préparer au pire

EXTINCTION REBELLION

Extinction Rebellion, abrégé en XR, est un mouvement social écologiste international qui déclare « utiliser diverses méthodes d’action directe de désobéissance civile et de résistance non violente dans le but de pousser les gouvernements à agir afin de limiter le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité et le risque d’atteinte des points de basculement du système climatique pouvant conduire à un effondrement écologique».

Le mouvement, nommé en référence à l’extinction de l’Holocène, débute au Royaume-Uni en  avec la publication d’un appel à l’action signé par une centaine d’universitaires. Il est suivi d’un lancement officiel le dernier jour du mois par plusieurs militants de Rising Up!. Durant le mois suivant, plusieurs actions de désobéissance civile sont recensées dans la capitale, Londres.

Depuis l’appel d’Extinction Rebellion UK, des mouvements se sont notamment formés aux USA, en Italie, en Allemagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en France, au Québec, en Belgique et en Suisse. Le mouvement est désormais présent dans au moins 54 pays.

Notre analyse temporaire sur le mouvement…

Notre académie n’est pas surprise de l’émergence de XR dans le paysage sociopolitique, comme renaissance du mouvement Deep Green Resistance de Derrick Jensen ou de Earth First de Dave Foreman.

Ainsi, les membres de Extinction Rebellion sont assimilables à des Black Blocs verts ou à des Green Warriors. Assimilables, mais pas réductibles puisqu’ils ont pour le moment choisi la non-violence…

Nous pensons que XR attire de nombreux déçus des ONG traditionnelles comme Greenpeace ou le WWF qui, selon eux, ne font pas grand-chose pour régler les problèmes depuis trente ans, malgré de gros budgets…

Notre Académie est assez proche de cette position, il suffit de regarder les salaires et le nombre des cadres supérieurs de ces organisations internationales qui mobilisent des armées de bénévoles pour nous attendrir… Il y a quelque chose de pourri au Royaume vert de la bien-pensance… Et hormis les Sea Shepherd, peu d’organisations ont grâce à nos yeux dans ce domaine, car peu sont courageuses, frugales et éthiques.

Jusqu’où la non-violence ?

Nous nous demandons jusqu’à quand ces mouvements resteront non violents et qui sera la cible de leur violence. En effet, les décisions de justice nous ont fait comprendre désormais que selon le pouvoir attaquer un MacDo c’est violent, mais empoisonner mortellement des gens avec des médicaments ou des produits alimentaires de conservation ou de saveur que l’ont sait dangereux, cela ne l’est pas.

Nous notons qu’il y a toujours des tueurs psychopathes pour massacrer des étudiants innocents, mais jamais pour tirer sur les traders de Wall Street coupables de la crise de 2008, et d’avoir chassé de chez elles et donc brisées des dizaines de milliers de familles pauvres ; ou encore personne pour s’attaquer physiquement aux patrons des multinationales monstrueuses comme Monsanto qui stérilisent la planète en prétendant la fertiliser et déposent des brevets sur le monde vivant qu’ils pillent et qui est pourtant un commun universel ; ou encore personne pour s’attaquer à des hommes politiques cyniques comme Jair Bolsonaro qui incitent à la déforestation de la planète, et couvrent les lobbies agro-industriels qui l’ont fait élire et qui envoient des mercenaires massacrer les villages indiens sans presque s’en cacher…

Bizarre non, cette justice planétaire à deux vitesses ?

Dès lors, on peut se demander quelle serait la forme d’une violence légitime quand la police, l’armée, la justice, la finance et les plus grands cabinets d’avocats sont du côté des malveillants en costume-cravate. Ce qui est sûr, c’est que XR et les mouvements apparentés se posent la question, car ils ont compris que si l’on n’est pas craint, l’on n’est pas respecté en ce monde…

Les limites de l’anarchisme et l’organisation holacratique…

XR veut jouer sur l’intelligence holacratique et collective. Le mouvement a tellement peur qu’une figure s’empare de sa tête que le mouvement n’a hélas pas de tête… Donc n’est pas perceptible ni par l’opinion, ni pas les membres mêmes du mouvement qui ne peuvent cristalliser leur motivation sur une personne, ou à tout le moins une équipe, un comité.  Le sens du secret est compréhensible, mais nous ne sommes pas dans la rébellion de Star Wars. La vocation de XR est légitime, elle peut toucher le grand public, pas besoin à notre sens d’avancer masquer pour le faire, mais au contraire d’avancer de façon héroïque et éthique. Il n’y a rien de mal à vouloir sauver la planète d’une façon offensive, mais non agressive…

Ne pas s’attaquer aux mêmes symboles du pouvoir…

Casser une agence bancaire, bloquer une rue, agiter des drapeaux, scander des slogans ridicules et usés… Est-ce que cela sert vraiment à quelque chose ? Est-ce que cela séduit l’opinion quand les manifestants ressemblent selon « 80% des gens qui bossent », les retraités, et le gros de la classe active, à des écolos un peu ringards et fatigués, à des zadistes ou à des punks à chiens ? Que penserait même un enfant en voyant ce joyeux foutoir : que ce n’est pas sérieux…

Lisez le génial Elias Canetti, auteur de Masse et Puissance : face à l’ordre, il faut opposer un ordre supérieur pour être entendu, pas un désordre potache… Le jour où des centaines de milliers de personnes défileront au pas et en silence, visage dégagé et déterminé en portant le même uniforme vert et propre, l’opinion tendra l’oreille, le pouvoir froncera les sourcils, et l’autorité changera de camp… D’ici là… Observons.

Extinction Rebellion est un mouvement à suivre, car il est selon nous l’avant garde d’une lame de fond qui va monter à mesure que la population commencera à subir les effets du changement climatique. Ainsi, XR est un mouvement sociétalement légitime qui peut créer une saine pression sur les décideurs. Une sorte de Lobbying vert foncé capable de mobiliser les masses… Cependant, XR  a choisi la voie de la guérilla urbaine pour se manifester, et nous ne sommes pas sûrs que ce soit la meilleure voie pour atteindre leurs objectifs démocratiquement ni pour toucher le coeur et le cerveau des gens, ce qui à notre sens est le plus important pour changer les choses avec puissance et bienveillance.

Les membres du mouvement éditent des ouvrages que nous trouvons intéressants, nous vous conseillons de les commander chez votre libraire, ou ici si vous n’en avez pas dans votre village ou quartier :

Ce que nous apprécions dans l’institut Momentum :

L’Institut se consacre aux problématiques relatives à l’Anthropocène, aux politiques de décroissance et à la collapsologie, précisément au thème de l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle (effondrement défini par Yves Cochet comme : « le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis (à un coût raisonnable) à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ».

Un catastrophisme éclairé…

Avec une approche de type catastrophisme éclairé, le think-tank cherche à explorer et préciser les champs de l’effondrement et de la collapsologie, qui ont été récemment portés à l’attention du grand-public francophone par Pablo Servigne (agronome, chercheur indépendant) et Raphaël Stevens (chercheur en résilience des systèmes socio-écologiques) dans leur essai Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (2015).

La collapsologie comme exercice transdisciplinaire…

Ainsi, l’institut porte et intègre la collapsologie, définie par Pablo Servigne comme : « un exercice transdisciplinaire faisant intervenir l’écologie, l’économie, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, la biophysique, la biogéographie, l’agriculture, la démographie, la politique, la géopolitique, l’archéologie, l’histoire, la futurologie, la santé, le droit et l’art ».

Une période bouleversante…

Selon l’Institut, la période 2020 2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. L’effondrement de notre civilisation industrielle s’y produira à l’échelle mondiale, probablement dans les années 2020, certainement dans les années 2030. L’institut étudie et explique les origines écologiques, économiques, financières et politiques de cet effondrement potentiel et surtout leurs relations systémiques.

Une équipe de personnalités de qualité…

Un noyau d’une dizaine de personnes s’est initialement rassemblé autour d’Agnès Sinaï (journaliste environnementale, maître de conférences à Sciences Po Paris) pour fonder l’Institut Momentum : Jean-Claude Besson-Girard (directeur de la revue Entropia, peintre, écrivain), Philippe Bihouix (ingénieur spécialiste du cycle de vie des objets), Thierry Caminel (ingénieur énergéticien), Yves Cochet (mathématicien et député d’Europe Ecologie-Les Verts), Alain Gras (professeur de philosophie des techniques), Thomas Guéret (ingénieur antipub et transitionneur dans l’Yonne), Bernard Guibert (économiste), Christophe Laurens (architecte-urbaniste proche d’Entropia), Alice le Roy (journaliste et professeur d’écologie urbaine qui s’intéresse notamment à la question des biens communs), Thierry Salomon (ingénieur co-fondateur de l’association et de l’Institut Négawatt), Luc Semal (docteur en sciences politiques, maître de conférence à Sciences Po Paris) et Mathilde Szuba (docteure en sociologie qui travaille sur le rationnement).

Nous ne sommes pas tout à fait d’accord, mais…

L’équipe de Collapsologie Académie ne partage pas tout à fait les prévisions catastrophistes de Momentum. En effet, nous pensons à la fois que l’effondrement est déjà là pour notre écosystème planétaire, mais qu’il sera plus long pour menacer notre espèce sur le plan naturel et global. Selon nous, des crises soudaines et systémiques de natures financières, démographiques, alimentaires, pandémiques ou technologiques risquent de nous frapper plus rapidement, plus sauvagement et plus durablement sur un plan sociétal… Cependant :

L’institut Momentum est un acteur important dans l’analyse des causes des effondrements qui viennent, et un cercle de réflexion nécessaire dans le paysage intellectuel français pour sensibiliser les populations…

Les membres de XR écrivent des ouvrages à connaître. Nous vous invitons à les commander chez votre libraire de village ou de quartier, ou ici si vous n’en avez pas et pour  vous les faire livrer :

CLIP PROMO EXTINCTION REBELLION

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